Antoinelle Hartze

Le combat physique et émotionnel

Cet événement mettra à mal sa confiance et ses perspectives d’avenir. Cependant, Antoinelle n’est pas du genre à renoncer. Elle trouve alors le courage de reprendre sa vie en main et retourne à l’université un an seulement après son accident.

Commencer ses études à l’université est déjà un défi en soi pour n’importe qui, mais la perte de sa jambe force Antoinelle à puiser au fond d’elle-même pour réussir.

Pour elle, ce fut une période de solitude et particulièrement difficile, tant sur le plan physique qu’émotionnel.

"Vous voulez vous intégrer et vous fondre dans la masse. Mais vous vous rendez aussi compte qu’il est important de pouvoir être sois-même."

Sa première prothèse était rudimentaire et gênante. Ses muscles lui faisaient mal et elle souffrait de douleurs au dos intenses.

"C’était la jambe prothétique la plus basique qui soit, mon genou ressemblait pratiquement à un élastique !"

L'acceptation et la réussite

Antoinelle se plonge alors dans ses études et finit, avec le temps, par accepter sa situation. Cette expérience l’a rendue très indépendante. En 2001, elle décroche son diplôme et décide de relever un nouveau défi : créer sa propre entreprise.

Avec le soutien de sa famille et de ses amis, Dr Antoinelle S. Hartze ouvre son cabinet dentaire en juillet 2003. Elle devient ainsi l’une des premières femmes dentistes de sa région.

"En tant que femme, de surcroît de couleur, dans un milieu majoritairement masculin, il m’a fallu beaucoup de courage pour m’affirmer et vaincre mes peurs."

20 ans plus tard, son cabinet se porte bien et certains de ses détracteurs à ses débuts sont maintenant ses patients les plus fidèles.

Se retrouver dans les autres, se retrouver soi-même

Sa carrière de dentiste lui a permis de concentrer ses efforts et d’avancer, mais elle sentait qu’il lui manquait encore quelque chose : en 25 ans, elle n’avait jamais rencontré d’autres personnes amputées.

"Je ne connaissais aucune personne amputée. Je n’utilisais pas les réseaux sociaux, donc je ne savais pas à quoi devait ressembler ou comment devait se comporter un amputé."

Tout change en 2019 lorsqu’elle rejoint la clinique de mobilité d’Össur.

Pour la première fois de sa vie, elle peut rencontrer et échanger avec des personnes partageant son expérience et son courage, et vivant au quotidien une vie sans limites. Inspirée par ces témoignages de réussite et de lutte, Antoinelle prend confiance en elle et adopte un tout nouveau mode de vie.

"À partir de là, tout a basculé, je ne cherchais plus à cacher ma jambe."

Elle commence alors à se consacrer à ses passions, comme l’art, la cuisine et la danse ; et grâce à une amélioration de sa prothèse, elle parvient à relever des défis qu’elle estimait auparavant impossibles. Aujourd’hui, elle montre ses jambes avec fierté et porte un genou bionique Rheo Knee XC et une prothèse de pied Pro-Flex Align.

"Pour la première fois en 20 ans, je peux porter des talons… je les porte même dans le jardin !"

Au sommet de son art

En 2022, Antoinelle entame un nouveau chapitre de sa vie. Sa Rheo Leg, qui s’adapte constamment à son environnement et lui donne la confiance nécessaire pour avancer, y est pour beaucoup dans sa transformation. L’un des défis qu’elle s’est fixée est de peindre une toile de maître, une prouesse qui impose de passer des heures debout.

"L’art a toujours occupé une place très spéciale dans mon cœur, il me procure un sentiment de paix et de connexion spirituelle."

Inspirée par les œuvres du peintre néerlandais Tjalf Sparnaay, elle souhaite désormais capter l’essence de sa propre vision créative. Boîtes, plantes, seaux… autant d’objets banals souvent considérés comme inintéressants dont la beauté sous-jacente est révélée dans ses peintures. Elle a pu exposer ses tableaux dans plusieurs galeries et travaille actuellement sur de nouveaux tableaux.

La reconnaissance

Elle adore son travail et l’indépendance qu’il lui offre.

"Je n’aime pas dépendre des autres, j’aime la liberté offerte par le fait d’être ma propre patronne."

Elle estime également que les gens s’ouvrent bien plus avec leur dentiste, c’est une relation de confiance.

"Il ne suffit pas de blanchir ses dents pour rendre son sourire à quelqu’un."

Son travail aide à rétablir la confiance et à donner de la joie, c’est un changement profond.

Antoinelle est reconnaissante pour les défis que la vie lui a imposés. Elle est fière de son passé et accueille le futur à bras ouverts. Elle espère inspirer d’autres femmes à suivre leurs passions et à faire abstraction des stéréotypes liés au genre ou au handicap.

"Mon conseil à chaque personne amputée, de longue date ou non, est de s’affirmer et de vivre sa vie comme elle l’entend. Ne laissez jamais rien vous décourager."

L’énergie débordante d’Antoinelle et son désir ardent d’évoluer en permanence lui ont permis de vivre de nombreuses expériences et elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.